Projet du contrat pluriannuel 2023-2028
« Dedans-Dehors »
- La nourriture
- Le hors-catégorie
- Les « Life narratives »
Présentation des axes de recherche
Le laboratoire entend poursuivre la réflexion entamée dans le précédent quadriennal sur les déplacements et les transgressions et notamment sur le mensonge comme mode possible d’interaction avec autrui, en travaillant depuis 2016 à la thématique générale et interdisciplinaire, « formes et figures de l’altérité ». Une altérité entendue comme confrontation avec et/ou reconnaissance de la singularité ou de la différence de l’autre, que celle-ci soit linguistique, sexuelle, sociale, culturelle ou religieuse. On observe notamment ainsi comment dans le dialogue interculturel ou dans la confrontation avec l’altérité linguistique, la relation avec autrui permet à l’identité d’un individu, d’une langue ou d’une culture de se questionner, voire se définir, que ce soit dans le rejet, le transfert ou l’adaptation / la transposition.
L’altérité constitue également un mode de déplacement, voire de transgression des limites de je, dans la mesure où, constitutive du sujet, elle introduit la différence et la perception en soi d’un autre sujet (« L’étranger premier en soi (le premier non-moi), c’est l’autre moi », affirme Husserl dans ses Méditations cartésiennes), la non-identité à soi et le principe de co-présence selon lequel être, c’est toujours être avec (« Dasein ist Mitsein », dit Heidegger). Si la question de l’autre introduite par Husserl, est devenue depuis une obsession de la philosophie, de Buber à Sartre, Levinas, Ricoeur , elle peut être abordée dans une perspective religieuse, éthique, sociologique ou psychanalytique. Nous partons du constat que dans la modernité, on entre dans l’ère de la production de l’autre » et qu’ il ne s’agit plus de l’affronter, de l’aimer ou de le haïr », mais de « le produire ; l’altérité constitue pourtant toujours une provocation, un impensable ; il s’agira donc de montrer que l’apparition de l’autre et les figures de l’altérité peuvent soit structurer le moi et contribuer à définir son identité, voire à fonder un individu ou une société, selon qu’il y a célébration ou dénégation de l’altérité, soit mettre en question normes et valeurs d’un sujet, d’un groupe social ou d’une culture.
Nous nous intéresserons surtout ici à la part socialement construite de l’altérité, et notamment aux dispositifs de fabrication de l’autre, dispositifs visant soit à promouvoir son altérité fascinante, soit à réduire son altérité dérangeante (dans la réduction de l’autre au même ou à soi, la séduction, la colonisation, la mise en spectacle de l’autre ou son assimilation culturelle), soit à le stigmatiser comme objet de rêve, de fascination, de désir, d’expérimentation ou de répulsion.