En France, de novembre à mai 2019, les « gilets jaunes » ne se sont pas contentés de bloquer routes et ronds-points. Pendant des mois, chaque samedi, des milliers de personnes se sont rassemblées et ont manifesté. Trop longtemps invisible, inaudible, la « France périphérique », la « France des ronds-points » – ou tout simplement la France populaire – est enfin réapparue dans le champ de l’attention publique. En Allemagne, une forte culture de la négociation est longtemps parvenue à limiter les confrontations entre classes et groupes sociaux. Les interrogations sur les inégalités, les problèmes sociaux et économiques n’en sont pas moins profonds outre-Rhin. Trente ans après les réformes Hartz de 2005, les tensions s’aggravent, notamment dans l’est du pays, entre « perdants » et « gagnants » de la réunification, et la crise des migrants de 2015 n’est pas la seule responsable d’une poussée de xénophobie. Les mouvements PEGIDA et les succès du parti AfD sont la preuve qu’en Allemagne aussi, les inégalités sociales sont à l’origine de tensions qui peuvent déboucher sur des affrontements entre groupes.
Ces journées d’études interrogeront les mouvements sociaux actuels en France et en Allemagne et leurs ressorts, à l’occasion notamment de la représentation au Théâtre National de la Criée, dans la mise en scène de Thomas Ostermeier, de la pièce Retour à Reims, tirée de l’ouvrage de Didier Eribon qui a rencontré un grand succès en Allemagne depuis sa traduction en 2016.