Soldat blindé, homme prothétique, femme hybride, automate, machine sexuelle, athlète aux traits mécanisés, le corps machinique est un motif qui possède de multiples facettes et des problématiques diverses dans l’art de l’avant-garde. Entre 1914 et 1926, des artistes comme Otto Dix, Rudolf Schlichter, George Grosz, Hannah Höch, Willi Baumeister, Fernand Léger, Francis Picabia, Marcel Duchamp et Robert Delaunay utilisent ce sujet en tant qu’illustration de tension et de crise qui questionne la place de l’homme et de la femme dans la société. D’ailleurs, le concept de la masculinité, considéré comme fragilisé au début du XXe siècle, joue un rôle important dans l’élaboration de l’homme-machine représenté par ces artistes. Communément associée au régime totalitaire et autoritaire, notamment au Troisième Reich et à la France de Vichy, cette utopie de l’Homme Nouveau possède des résonances avec l’homme-machine représenté dans l’avant-garde française et allemande. Les objectifs de notre travail sont donc de comprendre les liens qui unissent les discours de la modernité à ceux des années 1930 et 1940 à travers la figure de l’homme-machine, le concept de la masculinité et l’Homme Nouveau. L’étude des œuvres des artistes nommés ci-dessus brossera un portrait sociétal binational, voire global, de la représentation du corps mais aussi de son évolution pendant la République de Weimar et la période de l’entre-deux-guerres en France. Ce travail propose donc une lecture nouvelle de l’homme-machine dans l’avant-garde à travers son approche transculturelle et sa mise en relation avec les études de la masculinité, domaine de recherche en pleine éclosion dans l’histoire de l’art.
Membres du jury:
Patrick Farges
Anne-Marie Bonnet